CONGO ELECTIONS 2011: PAS PRIORITAIRES
Résumé: Les vraies priorités de la RD Congo sont ailleurs que dans les urnes. Parmi elles, on trouve les besoins de la vie quotidienne: la santé, l'éducation, la communication, l'alimentation... Il est impératif que les opérateurs politiques, économiques et la société civile se tiennent la main pour imaginer des méthodes de gouvernance plus adaptées aux réalités locales.
Texte: Au moins 712.000.000 de dollars américains, c'est la somme que coûtera les prochaines élections présidentielle 2011 et autres. Les données concordantes montrent que l'État congolais ne peut pas assurer seul ses ambitions électorales sans le soutien extérieur. Il y a alors lieu de s'interroger sur les réels bénéfices et, la nécessité de tenir un processus électoral aussi coûteux.
L'organisation des élections ne doit pas apparaître comme une obligation subie ou encore moins un instrument de prestige. L'argent dépensé pour les urnes pourra servir à l'éducation, à l'habitat, à la santé, à déboucher les routes urbaines et à désenclaver l'arrière-pays. Il serait légitime que le peuple congolais exige avant tout l'amélioration de son quotidien. Les politiciens devront se tenir la main pour imaginer des méthodes de gouvernance plus adaptées aux réalités locales.
Rien ne doit interdire de considérer l'élection comme la fille légitime de la démocratie. Par contre, elle ne doit pas être considérée comme subie ou imposée, ou encore un effet de la mode. Cette hypothèse m'amène à formuler deux observations:
Premièrement, la donne de la structuration de l'opposition et des candidats présidentiables en 2011 pousse à croire que l'enjeu électoral congolais est proche d'un passage à une légitimation de prestige du gagnant au niveau international et, moins à la consolidation du progrès social.
Deuxièmement, l'utilité des élections dans une culture où le perdant qualifie automatiquement le gagnant de la tricherie reste discutable dans un contexte d'une paix fragile.
Conclusion. Tant que les besoins de base ne sont pas accessibles ou satisfaits à un grand nombre de populations, le curieux engouement d'organiser les élections dans certains pays en voie de développement à l'instar du Congo-Kinshasa est questionnant. Les solutions pour réduire les risques de pauvreté, et contenir les tensions sociales ne viendraient pas des résultats des élections. La question de la démocratie par les élections à l'image des pays développés est trop importante, et demande une profonde remise en question des modèles actuels calqués de l'occident. Les opérateurs politiques et son élite avec le soutien de la communauté internationale devront s'atteler à construire un autre modèle de la démocratie plus adaptée, orientée sur les réalités locales.
Pierre Lutumba
Cugy, Suisse
